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Yves Paccalet est un écrivain, philosophe, journaliste et naturaliste français Wikipedia.
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Guerre nucléaire...
Yves PACCALET Extrait de "L'Humanité disparaîtra, bon débarras !"
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Je désire, pour achever cet hilarant chapitre, peindre des destructions sans exemple, des horreurs sans pareilles et des souffrances sans nom.
Je veux évoquer le plus prodigieux saccage de l’Histoire, celui que nous n’avons pas encore perpétré, mais que nous préparons. Dans l’humble manière du graveur du XVIIe siècle Jacques Callot, je veux exposer Les Désastres de la guerre. Pas celle de Quarante, ni celle du Vietnam, ni celle du Golfe, ni celle du Liban, ni même celle de Quatorze-Dix-huit, que Brassens a justement chantée parce qu’elle fut « longue et massacrante ».
Non… J’entends décrire la prochaine.
La plus glorieuse. La plus lumineuse. La plus efficace. La mondiale. La troisième. La nucléaire…
De loin, elle constitue la principale menace qui pèse sur la planète et les hommes. À côté d’elle, les pollutions, l’avancée des déserts, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, les virus émergents, la montée du niveau des mers et les trous dans la couche d’ozone pourraient passer pour des bagatelles. Des scientifiques ont étudié les scénarios de cette horreur absolue. Ils en ont élaboré des modèles, notamment le « TTAPS », ainsi nommé d’après les initiales de ses auteurs, les Américains Richard P. Turco, Owen B. Toon, Thomas P. Ackerman, James B. Pollack et Carl Sagan.
Toute cette simulation détaille, avec une sorte de jubilation, l’élimination définitive de notre espèce et de la majorité des organismes qui l’accompagnent.
Frères humains, si ce conflit éclate, abandonnez toute espérance !
Prenons une guerre nucléaire de « magnitude » moyenne, dans laquelle la puissance explosive mobilisée (c’est le mot) serait de dix mille mégatonnes, soit la moitié de ce que recèlent d’ores et déjà nos silos. Cinq ou six cent mille fois la bombe d’Hiroshima. Deux tonnes d’équivalent TNT par tête d’Homo sapiens… On compterait deux milliards de morts sur-le-champ, sous l’effet du souffle, de la chaleur, de la radioactivité et des tsunamis.
Les premiers trépassés seraient les plus heureux. Les six milliards de rescapés regretteraient d’avoir conservé quelque temps le privilège de respirer. Ils n’auraient sauvé leur peau que pour finir dans des supplices. Un enfer sur la Terre… Irradiés, choqués, malades, ils erreraient sous un ciel que les rayons du Soleil ne parviendraient plus à percer. Des nuées opaques couvriraient la planète, dues à des millions de tonnes de poussières et de fumées soulevées jusque dans la stratosphère par les explosions et les incendies. Des déluges de pluies acides viendraient bientôt assassiner les terres et les mers. Les sources seraient imbuvables et les cultures vitriolisées.
Une chape de nuit s’abattrait sur le globe pendant trois mois. La luminosité du ciel resterait faible durant une année entière. À la surface du globe, la température chuterait à moins quinze ou moins vingt degrés Celsius. Rivières, lacs et mers gèleraient. L’hiver nucléaire régnerait sans espoir ni merci. Durant un ou deux ans, on ne pourrait cultiver aucun jardin ni aucun champ. Sans lumière, les plantes ne pourraient assurer la photosynthèse qui entretient les chaînes alimentaires. Les animaux mourraient. Les humains, grelottants, implorants, frappés de toutes les maladies, se traîneraient dans les ruines des cités qui faisaient leur orgueil. Imaginez ces grouillements de miséreux en train de s’entre-tuer pour la dernière boîte de conserve d’un supermarché !
Si, après un ou deux ans de disette, de deuil et de souffrance, il se trouvait encore quelques rescapés (mettons, en Géorgie du Sud ou à l’île de Pâques ; ou au fond de quelque abri anti-atomique pour généraux, PDG et présidents), ces miraculés reverraient un pâle soleil qu’ils pourraient prendre pour celui de la résurrection. Pas pour longtemps… La couche d’ozone aurait été détruite : des flux intenses de rayonnements cosmiques et ultraviolets achèveraient le boulot des explosions, des radiations, des incendies, des pluies acides et du petit âge de glace. Les derniers survivants finiraient irradiés.
Une guerre nucléaire anéantirait-elle toute vie sur Terre ? Probablement pas… Les grandes espèces disparaîtraient comme nous-mêmes. Mais les cafards, les termites, les crustacés, les scorpions ou les araignées pourraient en réchapper : ces invertébrés à la solide carapace de chitine ou de calcaire supportent d’énormes doses de radiations, et leur faible taux de métabolisme leur autorise de longs jeûnes. À tout le moins, nombre de bactéries, de cyanophycées (ou algues bleues), de protozoaires et d’autres organismes simples se perpétueraient, dans le sol ou dans les profondeurs de la mer. Pendant quelques dizaines de milliers d’années, la biosphère ressemblerait à ce qu’elle fut aux commencements de la vie, pendant plus trois milliards d’années : surtout formée de micro-organismes.
Supposons qu’après quelques millions d’années, certains de ces rescapés évoluent derechef en animaux complexes et dotés d’une forme de système nerveux.
Verrait-on, un jour, apparaître une nouvelle lignée intelligente et sociable, c’est-à-dire dominatrice et perverse ? Je me plais à croire que oui.
J’aime imaginer que ces homologues de notre genre étudieraient les traces du cataclysme que nous aurions déclenché contre nous-mêmes.
Et qu’ils riraient jusqu’à la fin des temps de notre sublime folie.
Ou de notre infinie stupidité.
Yves PACCALET - L'Humanité disparaîtra, bon débarras !
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